Ce film, c'est un peu le Michael Keaton Show. L'acteur se donne à fond pour incarné ce crevard de fantôme qu'est Beetlejuice. Il vole la vedette à chacune de ses apparitions, ce qui d'autant plus normal pour ce trouble fête turbulent qui fait tout pour se faire remarquer.
En 1988, Tim Burton se pose la question : est-il encore possible de faire peur au cinéma ? Il tente de répondre à la question avec Beetlejuice, non pas en faisant un film qui fait peur, mais plutôt en réalisant un sur le ton de la comédie.
Ainsi, le couple incarné par Alec Baldwin et Gina D'avis devient une métaphore d'un cinéma sincère qui tente d'effrayer des spectateurs et spectatrices blasées représentées par la famille venue de New-York.
Le cinéaste en profite pour montrer les petites villes américaines où toute la vie semble idéale, lui donnant un aspect de maquette, tout en critiquant l'intelligentsia américaine avec une autodérision remarquable.
Et c'est ça qui m'étonne vraiment du cinéma de Burton, c'est qu'à l'époque c'était un réalisateur qui avait des choses à dire, à montrer. Ses films étaient motivés par cette envie de s'exprimer, bien loin du cinéma qu'il fait actuellement qui est déshabillé de tout sens. Les films de Burton sont devenus de trucs plastiques sans âme. On fait appel à lui pour sortir de jolis costumes et mettre plein de maquillage sur le casting. Pourtant, en début de carrière, il était possible de parler du cinéma de Burton pour ses thématiques et son contenu, pas seulement pour ce côté pseudo-farlu, pseudo-gothique.
D'ailleurs, le visuel à la Burton commence avec ce film. L'homme met en image - avec des effets spéciaux qui ont assez mal vieilli - ses illustrations comico-macabres, délires d'un grand enfant fan de morbide. C'est très inventif, tout en étant très (très) drôle comme la scène avec les footballeurs américains, ou la fameuse scène de danse autour de la table.
Le film était fantastique à l’époque, trente-quatre ans après (oui, oui), il l’est toujours !