THE AMAZING WEEK #54 : avant la fin de l'ère Krakoa
Critiques de comics V.O. sur les X-Men publiés entre le 20 mars et le 15 mai 2024.
Cette nouvelle édition de The Amazing Week est consacrée également à rattraper toutes les chroniques que j’avais en retard sauf que, cette fois, je focalise uniquement sur les séries X-MEN dont l’ère de Krakoa arrive vers sa fin avant un énorme redémarrage au début de l’été.
Celles et ceux qui me suivent depuis des années (ici, ou sur feu The Mighty Blog) savent que j’ai été un grand supporter de cette époque débutée par HOUSE OF X #1 en juillet 2019. Voir tout cela se terminer me touche un peu.
Etrangement, je me sens plus impliqué à connaître la fin de cette époque qu’à découvrir la prochaine qui sera éditée par le vétéran Tom Brevoort (éditeur de longue date des titres AVENGERS). Nommées FROM THE ASHES, cette époque ressemble à un gros retour en arrière, plus motivée par la nostalgie que par l’envie de rebondir sur l’époque qui se termine. Je peux me tromper, après tout j’avais un peu le même a priori concernant le dessin animé X-MEN’97 que j’ai adoré.
Du coup, je croise les doigts pour que le final de FALL OF X et le début de FROM THE ASHES ne soient pas décevants !
Avant le crossover
La dernière fois que je me suis intéressé à FALL OF X, le premier chapitre de FALL OF THE HOUSE OF X se terminait avec l’épisode 3, annonçant sans trop prévenir le crossover avec les Avengers. INVINCIBLE IRON MAN #16 n’est pas non plus un prélude ; Gerry Duggan continue ce qu’il a entreprit et le titre de Jed MacKay s’ajoutera par lui-même dans l’équation.
Le numéro 16 de INVINCIBLE IRON MAN est une énorme baston entre les Sentinelles d’Orchis et Tony Stark qui s’est construit une armure Sentinel Buster avec l’aide de Riri Williams. L’épisode ne propose que ça, mais appuie sur la motivation de Stark.
RESSURECTION OF MAGNETO se déroule avant FALL OF THE HOUSE OF X #4. Le titre nous annonçait déjà la couleur, mais Al Ewing réserve un léger twist - qui semble plus être une commande de la prochaine équipe éditoriale qu’un besoin nécessaire à la conclusion de l’ère de Krakoa. L’épisode 3 nous prépare le terrain en mettant face à face Storm et Magneto contre Genesis et Shadow King, et l’épisode 4 conclut l’aventure en ramenant les personnages dans le contexte de FALL OF X. La mini-série a selon moi deux grandes forces. Tout d’abord, elle est une aventure métaphysique qui explore deux des personnages les plus complexes des X-Men, Magneto et Storm. Ewing propose un véritable hommage à Chris Claremont, tout en utilisant ce qu’il a construit dans X-MEN RED pour parvenir à ses fins. L’autre force réside dans les dessins de Luciano Vecchio. Même si l’épisode 3 a des passages un peu brouillon, son talent est mis à profit pour offrir des passages grandioses. Il relève le défi sans soucis, montrant qu’il est très talentueux. J’espère que l’artiste sera mis à profit d’histoires toutes aussi ambitieuses par la suite, il le mérite.
La mini-série X-MEN FOREVER fait ses débuts, elle est un peu à RISE OF THE POWERS OF X ce que X-MEN est à FALL OF HOUSE OF X, un complément nécessaire afin d’enrichir l’intrigue principale tout en apportant des révélations. Kieron Gillen joue le jeu à fond en proposant un premier épisode qui apporte une révélation qui change complètement la lecture des deux premiers épisodes de RISE OF THE POWERS OF X. Suivre la série devient donc nécessaire, mais je me doute que les fans de Gillen n’allaient pas passer à côté.
Justement, en parlant de RISE OF THE POWERS OF X, ce troisième épisode est tout simplement épique. La confrontation entre Xavier et Moira se fait dans une situation inattendue avec une tension particulièrement forte. Certains détails m’avaient échappé, mais Gillen fait le lien dans ce numéro entre POWERS OF X, INFERNO, et SINS OF SINISTER créant un tout cohérent. Franchement, toute cette intrigue est brillante. Pour le moment, Kieron Gillen nous offre le final que nous puissions espérer attendre de cet âge de Krakoa. En tout cas, c’est ce que je préfère pour le moment sur cette période finale.
Le (pas vraiment) crossover
Lorsque je parlais de crossover en début d’analyse, c’est vite dit. AVENGERS #12 et 13 forment un arc narratif complet de la série écrite par Jed MacKay. Tony Stark parvient à motiver les Avengers de s’engager dans la lutte contre Orchis. Du coup, les Sentinelles Stark attaquent le nouveau QG des Avengers, l’Impossible City. MacKay en profite pour développer cette ville et pour nous sortir un ancien Vengeur inattendu. Franchement, la série ressemble beaucoup à ce que Jason Aaron proposait sans se prendre autant au sérieux. Je trouve ces deux épisodes très funs.
Mais pas de trace du moindre X-Men dans ces deux numéros.
En tout cas, cette pause allongée entre les numéros 3 et 4 de FALL OF THE HOUSE OF X permet à Gerry Duggan de s’intéresser à des personnages “oubliés” depuis qu’il a arrêté sa série MARAUDERS. Le scénariste sort alors ses jouets qu’il avait rangé gratifiant celles et ceux qui ont suivi les séries depuis le début. Tout cela se déroule dans le passionnant X-MEN #33 qui tease la grande menace qui fera trembler les mutants et mutantes dans le dernier chapitre de FALL OF X.
Pendant ce temps-là, Tony Stark est coincé dans son Sentinel Buster, et il est confronté à lui-même, à ses faiblesses et à ses torts. INVINCIBLE IRON MAN #17 est surtout magistralement dessiné par Patch Zircher.
X-Force vs. le nazi Beast
La série X-FORCE vient de se terminer avec un épisode 50 qui propose la fin de la grande saga de Benjamin Percy, celle centrée sur Beast devenu un mutant nazi qui a des ambitions d’extermination de l’espèce humaine.
Depuis des années - je dirais depuis NEW X-MEN de Grant Morrison -, le Beast que nous connaissons a eu en lui ce potentiel de devenir un super-vilain. Le Dark Beast de AGE OF APOCALYPSE nous a prouvé qu’il pouvait être intéressant, et la version future de HERE COMES TOMORROW l’a confirmé. Mais, avant Benjamin Percy, personne n’a poussé le vice à en faire une réalité. Le scénariste a rebondi sur les conséquences (très mal gérées par la suite) du run de Brian Michael Bendis et il a utilisé intelligemment le contexte de Krakoa pour créer l’une des sagas les plus marquantes de cette ère.
Vous le savez certainement, je ne suis pas le plus grand fan de X-FORCE et WOLVERINE de Percy, mais je reconnais que cette construction de Beast et l’aventure de la série du mutant griffu où il doit l’affronter en face-à-face sont passionnantes. Ainsi, j’attendais X-FORCE #50 pour connaître la fin de cette saga, et comment il allait réhabiliter Beast.
En réalité, Percy n’efface pas d’un coup de gomme magique ce que Beast a fait. Il réhabilite le personnage d’une manière assez maligne en jouant avec ses convictions tout en maintenant son curseur dans une zone grise. Ainsi, Beast n’est ni gentil ni méchant, il a une motivation qui est compréhensible, mais la méthode qu’il emploie pour y parvenir est problématique. Cela n’empêche pas le fait qu’il est et restera le Beast que nous connaissons.
Percy termine donc son histoire en laissant une porte ouverte. La prochaine équipe éditoriale des X-Men - qui prône le gros retour en arrière avec l’envie de caresser dans le sens du poil le lectorat qui ne jure que par l’ancien temps - pourra faire mumuse avec cela sans soucis, ce n’est pas ce qui intéressait vraiment Percy. Lui, il voulait confronter Beast à lui-même sans tenter de faire changer d’avis le Beast Nazi. Franchement, c’est une belle conclusion.
Sabretooth War
D’un point de vue artistique, les épisodes 46 à 49 de WOLVERINE sont réalisés par des dessinateurs de talent. Malheureusement, ni Cory Smith ni Geoff Shaw ne semblent tenir la cadence infernale de publication.
Bon, moi, j’ai du mal à tenir la lecture tellement tout cela me semble vain. Clairement, Benjamin Percy et Victor LaValle étirent leur(s) histoire(s) pour arriver au numéro 50. Personnellement, cet affrontement bébête et sanglant entre Wolverine(s) et Sabretooth(s) m’ennuie. LaValle arrive tout de même à ramener un peu ce qui apportait la fraîcheur des deux mini-séries sur Sabretooth - en gros, lorsque les Exiles apparaissent -, et Percy brille lorsqu’il écrit Quentin Quire (vu le contexte, c’est très rare) et par quelques bonnes idées par-ci par-là.
Je continue de lire parce que j’ai tout de même envie de connaître la fin de l’histoire de Sabretooth.
Vers la dernière ligne droite
La mini-série DEAD X-MEN touche à sa fin. Bon, si le début était enthousiasmant, l’intrigue a beaucoup de mal à exister entre X-MEN FOREVER et RISE OF THE POWERS OF X. L’épisode 4 reste cool, Steve Foxe fait ce qu’il peut pour atteindre ce simple objectif. La fin tombe à plat, mais ce n’est pas de sa faute.
Je pensais que la mini-série CABLE était un de ces trips rétro comme Marvel le propose de plus en plus régulièrement. Il faut dire qu’avec Fabian Nicieza comme scénariste et Whilce Portacio comme cover artist, je n’imaginais pas que la série était liée à l’âge de Krakoa [oui, je lis les sollicitations seulement si la couverture me donne confiance - NdR]. Est-ce que j’ai raté quelque chose ? Aucune idée, je ne pense pas rattraper ce manque. Tout comme je n’ai pas lu la mini-série en trois parties MS. MARVEL: MUTANT MENACE.
FALL OF THE HOUSE OF X #4 crée une passerelle avec l’intrigue de RISE OF THE POWERS OF X. Clairement, cette lecture m’a donné envie de lire le prochain épisode de cette dernière série.
Je trouve quand même dommage que la partie artistique ne soit pas au niveau. Si le diptyque HOUSE OF X / POWERS OF X avait emballé les foules, c’est aussi parce que Pepe Larraz et R.B. Silva ont été soutenus jusqu’à la fin pour pouvoir peaufiner chaque page. Là, Lucas Werneck semble dépassé. Ses pages sur Arrako restent jolies, mais il sait faire largement mieux. Il obtient de l’aide de Jethro Morales qui ne réalise pas une performance sensationnelle. Reste que l’épisode est vraiment fort avec un nouveau schisme au sein des X-Men. C’est réussi, même si ce n’est pas parfait.
RISE OF THE POWERS OF X #4 montre ce qui se passe côté machines, et comment leur nouvel allié leur est bien utile. Kieron Gillen fait monter la pression avant son grand final, l’espoir surgit enfin.
Je trouve l’idée absolument brillante, mais je trouve l’épisode parfois un peu décousu. Tout comme sur FotHoX, j’ai l’impression que la partie artistique n’aide pas. Certes, R.B. Silva tient la cadence et offre des pages sublimes, mais il a un peu de mal à gérer les transitions. En revanche, il arrive à capter des moments, et à les rendre iconiques comme l’échange entre Askani et Exodus à propos du rêve. Je suis donc un peu partagé par cet épisode, mais ce ne sont presque que des détails.
Heureusement, X-MEN FOREVER #2 vient en renfort. Dans cet épisode, Kieron Gillen y donne les clefs de compréhension tout en développant les rapports entre les personnages et la situation. Clairement, il sait qu’il n’a pas l’espace pour ce genre de “pauses” dans la mini-série événement qu’est RISE OF THE POWERS OF X, il profite de sa petite sœur pour consolider son récit.
Pendant ce temps-là, dans INVINCIBLE IRON MAN #18, Gerry Duggan commence à ranger ses jouets. Le face à face entre Fei Long et Magneto s’avère drôle, mais Tony Stark reste au centre de l’intrigue, c’est lui qui va devoir régler les problèmes qu’il a avec le milliardaire.
De même avec X-MEN #34, Gerry Duggan range ses jouets d’une certaine manière. Il offre ainsi la parole à deux de ses personnages préférés de son run sur l’ère de Krakoa [à savoir Sync et Kate Pryde]. Aussi, il profite de la situation actuelle afin de ramener le côté super-héros dans la série qui avait disparu ces derniers temps pour des raisons évidentes. Ainsi, les mutants et les mutantes passent une grande partie de l’épisode à sauver des New-Yorkais et New-Yorkaises. C’est vraiment le final qu’il fallait pour cette série. Oui, j’utilise le terme “final”, parce que le prochain épisode sera un numéro anniversaire qui a une ambition plus large. La série X-MEN débutée par Duggan et Pepe Larraz se termine bel et bien dans ces pages.
Un peu comme Duggan, Kieron Gillen profite de X-MEN FOREVER #3 pour régler les histoires personnelles en cours. Ainsi Sebastian Shaw et Destiny ont le droit à un focus particulier, l’un à cause de sa trahison, l’autre suite aux révélations faites dans le one-shot X-MEN BLUE ORIGINS. L’autre personnage qui prend toute son importance est Hope Summers, personnage adoré par Gillen qui lui offre ce qui ressemble à la conclusion du grand plan qu’il lui réservait.
X-MEN FOREVER #4 prouve une chose : Kieron Gillen sait écrire de grands moments comme lorsque Mystique et Destiny sont face-à-face. Une case muette, tout est dit. Puis s’enchaîne une punchline qui m’a donné la chair de poule. L’histoire se termine et ça va être épique !
Mais l’épisode focalise énormément sur Hope, mais aussi la place qu’elle joue dans le combat contre Enigma. Ce dernier numéro de X-MEN FOREVER confirme mon impression que Gillen termine ce qu’il a toujours voulu raconter avec Hope avec sa série UNCANNY X-MEN (Vol. 2) de 2011 [voire même un peu avant]. Il boucle la boucle d’une bien belle manière nous emmenant de manière élégante vers la fin de l’ère Krakoa.
J’avoue être légèrement déçu par ce que je lis. Je ne blâme pas les auteurs impliqués, ni leur volonté d’arriver à terme de leur grand plan. En revanche, j’ai l’impression que l’équipe éditoriale de Jordan D. White a perdu tout soutien de la part de Marvel qui met toute son énergie à nous vendre l’après FALL OF X.
Ainsi, je trouve que le manque d’autrices est gênant, alors que l’époque de Krakoa a débuté avec Tini Howard, Leah Williams, et Vita Ayala comme scénaristes. Ensuite, les parties artistiques ne sont clairement pas au niveau de l’événement. R.B. Silva et Lucas Werneck sont de grands artistes, mais on sent que les deux n’ont pas le temps nécessaire pour livrer le meilleur d’eux-mêmes. Et puis, il y a des choses qui paraissent trop précipitées, ou trop chaotiques. Le nouvel allié de Nimrod et Omega Sentinelle manque de temps pour s’installer correctement et rendre le schisme crédible et violent. J’ai vraiment l’impression que ce retournement de situation était écrit sur le plan initial de Jonathan Hickman, mais il se retrouve coincé entre les résolutions d’intrigues de Gerry Duggan et de Kieron Gillen qui ont apporté énormément de choses à cette époque.
C’est un peu comme si les auteurs et les équipes éditoriales impliquées devaient résumer une année de récits en quelques mois à travers différents titres, en sachant que le focus du lectorat sera sur THE FALL OF THE HOUSE OF X et THE RISE OF THE POWERS OF X.
Tout cela est une histoire de forme, le fond et la finalité sont vraiment exceptionnels. Le plan de Kieron Gillen pour Hope, les échanges sur le rêve entre Askani et Exodus, ou l’attaque de la base Orchis par Polaris restent des événements qui resteront marqués dans ma mémoire de fan des X-Men.
Je vous souhaite une incroyable semaine (ou un incroyable mois ?) remplie de bons comics à lire. À bientôt !