THE AMAZING WEEK #50 : les critiques d'or
Critiques de comics V.O. publiés le 14 février 2024.
Si The Amazing Week était un comic book, il proposerait un maxi-format avec une double cover wraparound de folie, et un logo doré étincelant et un petit encart holographique, comme les bons vieux comics des 90’s. Parce que, oui, je suis vieux et que ce genre de trucs me rendait heureux adolescent…! Ah, et que la rubrique arrive au numéro anniversaire de 50. Un peu comme les 50 ans de mariage sont les noces d’or, ce numéro de The Amazing Week représente les critiques d’or.
Le parallèle avec l’amour est d’autant plus malin1 que la semaine que couvre cet article est celle de la Saint-Valentin.
Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite une bonne lecture !
Focus de la semaine
Je ne suis pas le seul fan des années 90. A vrai dire, la plus part des auteurs et autrices phares de notre époque ont connu les comics à cette époque. La fibre nostalgique étant, nous retrouvons donc des vibes de cette époque dans nos comics actuels. Ainsi, Kelly Thompson ou Donny Cates en font souvent référence, Tom Taylor va même emprunter l’énergie des séries ROBIN et NIGHTWING de Chuck Dixon pour construire les meilleures histoires possibles chez DC Comics. Sans compter, Tim Seeley et Tony Fleecs s’inspirent de leur passion pour le Image Comics du début des années 90 afin de nous proposer une histoire terriblement moderne et vraiment originale avec LOCAL MAN - que je ne cesse de recommander !
Et puis, il y a aussi le regain d’intérêt du lectorat pour SPAWN - qui est aussi la preuve que le modèle de distribution des comics intéresse principalement un lectorat âgé - qui vient prouver que les 90’s sont sexies. Il faut dire que McFarlane a aussi su s’entourer d’auteurs actuels afin de revamper légèrement son univers.
Du coup, je ne suis guère étonné de voir revenir le personnage de Dutch comme un événement. Le personnage créé par Chap Yaep a été prêté à Rob Liefeld afin de le faire graviter autour des titres Extreme Studios. Sans connaître son historique, je me rappelle que Dutch a été bien mis en avant alors qu’il reste un personnage lambda de cet univers rempli de personnages lambda2. Bref, il s’avère que son créateur avait plein de grands plans pour lui… Mais, en gros, il n’en fit rien.
Mais, le scénariste Joe Casey arrive à récupérer les droits de Dutch et lance un one-shot, puis une mini-série dont le numéro 1 vient de paraître. Ainsi, DUTCH #1 marque le retour du personnage mais dans une version plus âgée qui n’est pas sans rappeler Cable, la co-création de Rob Liefeld pour Marvel Comics, et Wolverine, personnage qui a inspiré environ 82%3 des personnages de cette époque. La boucle est bouclée.
Je fais confiance à Casey pour nous proposer quelque chose d’assez chouette - sinon, je ne l’aurais pas lu -, mais j’avoue que la démarche me gêne bien plus que celle de Seeley et Fleecs, par exemple. En effet, Casey est un acteur de cette époque, il arrive dans l’industrie au même moment que ces personnages crèvent le papier, et il finit par écrire des super-héros peu de temps après, paradoxalement avec une approche radicalement différente et déroutante que ses confrères de l’époque. DUTCH #1 est vraiment cool, et son histoire bas du front est hyper bien foutue avec un talent d’écriture qui fait mouche, mais l’approche est plus gênante que LOCAL MAN ou VANISH, j’ai plus l’impression de lire un auteur qui prêche pour le c’était mieux avant, qu’un choix artistique intègre et fun. Je me trompe peut-être sur ses intentions, c’est fort possible, mais je n’ai pas réussi à m’extasier devant ce que j’ai lu.
En plus, le côté rétro est purement marketing parce que, hormis un ou deux name drops, rien ne fait vraiment référence à Dutch et à son univers [un peu vide, c’est vrai]. Finalement, même sans connaître le personnage, il est possible de lire et apprécier ce premier numéro.
Il reste néanmoins une histoire dynamique qui se lit très bien, et des dessins de Simon Gane que je trouve très chouettes. Je reviendrai certainement parce que c’était fun et sans prise de tête, un peu à l’instar de MCMLXXV que j’avais trouvé mortel dans son ensemble. Peut-être que DUTCH aura le même effet, qui sait.
Le bilan de la semaine
Vous voulez un exemple d’épisode bien trop long ? Du genre, un léger soupir d’ennui sort inexorablement de votre bouche à chaque fois que vous tournez la page et que vous découvrez que ce n’est pas la dernière ? ACTION COMICS #1062 remplit parfaitement cette définition d’épisode trop long, à mon sens. En plus, John Timms n’arrive pas spécialement à suivre la cadence.
Jason Aaron écrit pour Superman une histoire assez proche de celles que Scott Snyder écrivait pour Batman, à savoir que les habitants et habitantes de la ville que le héros protège se transforment en sorte de zombis. De ma bouche, ce n’est guère un compliment. Pourtant, j’avoue, le final m’a hypé, mais je ne pense pas continuer bien longtemps de lire la série si elle continue sur cette lancée.
GREEN LANTERN #8 est absolument tout le contraire. Pourtant, Jeremy Adams ne propose pas l’épisode le plus rythmé de la série, mais la caractérisation de Hal Jordan et ses acolytes permet de rendre l’histoire sympa à suivre. Et puis, lorsqu’il se passe des choses intéressantes, ce n’est pas en fin d’épisode. L’arrivée des United Planets Lanterns apporte de la nouveauté et de la surprise.
On continue avec des aventures spatiales, mais en quittant le petit monde des super-héros. THE WEATHERMAN a fait son grand retour pour un troisième (et dernier ?) chapitre. J’ai été très agréablement surpris d’avoir pu replonger dans cette histoire sans soucis avec un premier épisode captivant. Le second se place dans la même lignée, même si j’ai trouvé que le scénariste Jody LeHeup avait du mal à garder un bon rythme. Par exemple, il s’attarde énormément sur l’explication du traumatisme de notre présentateur météo, la discussion s’attarde alors que la révélation est annoncée d’entrée de jeu. Cela n’empêche pas que l’épisode est bon. Et puis, la partie artistique est toujours sensationnelle !
IF YOU FIND THIS, I’M ALREADY DEAD est une autre histoire qui se déroule dans l’espace. Le nouveau récit signé Matt Kindt pour Dark Horse Comics nous raconte qu’un portail quantique a été découvert par l’armée américaine et, depuis, elle l’utilise pour y entreprendre des voyages vers une planète nommée Terminus. Pour la première fois, une civile va passer à travers le portail. Malheureusement, quelque chose de terrible va se passer et la civile va être le témoin d’un véritable massacre. Si le titre prend tout son sens, je me demande vraiment comment va évoluer le récit. En tout cas, Kindt m’a captivé, et les dessins de Dan McDaid et la colorisation de Bill Crabtree sont vraiment très chouettes. Le dessinateur a de nombreuses excellentes idées de mise en scène et de cadrage. Je recommande donc follement !
BLUE BOOK: 1947 parle aussi d’espace et d’aliens mais, comme la précédente mini-série, je vais attendre la version album de l’histoire de James Tynion IV et Michael Avon Oeming pour la lire.
Nous quittons l’espace pour s’intéresser à la sorcellerie cette fois, avec la nouvelle mini-série à suivre de Marvel Comics, SCARLET WITCH AND QUICKSILVER. Fort d’une première série sur Wanda très… mais alors, très… très... bien, Steve Orlando continue d’écrire le personnage. Il ramène alors son frère jumeau dans l’équation. Cela tombe bien, les Maximoff avaient beaucoup de choses à dire, sauf qu’une lettre reçue va anticiper cette discussion au calme. L’épisode est rythmé et intelligemment conçu. Et puis, Lorenzo Tammetta - véritable révélation de la précédente série - reprend les crayons pour notre plus grand bonheur. Là aussi, je recommande fortement !
On termine bien évidemment avec mes chouchous, les X-Men, et l’event FALL OF X. La semaine qui nous intéresse aujourd’hui a proposé deux histoires. Si je reviens plus en détails sur WOLVERINE #43 ci-dessous (spoiler : c’est caca), je vais m’attarder sur FALL OF THE HOUSE OF X #2. La mini-série avait parfaitement bien commencé avec beaucoup d’éléments qui convergeaient et la promesse d’une contre-offensive menée par Polaris plutôt costaude. Ce numéro deux était donc attendu, et je suis un peu déçu. Déjà, la caractérisation de Polaris et Colossus est un peu étrange, les deux personnages donnent l’impression d’être sanguinaires. Les deux peuvent se justifier en tapant des nazis - ce qui n’est jamais grave -, mais il y a une approche anti-super-héroïque qui me dérange un peu. Je n’aurais pas fait ce reproche à The Authority ou The Boys, par exemple.
Mon autre déception vient des dessins, Lucas Werneck est un jeune artiste, et il semble subir la deadline plutôt que nous émerveiller comme il a pu le faire sur IMMORTAL X-MEN. En même temps, j’imagine que vu l’ampleur de FALL OF X, cette mini-série est lue, relue, re-relue avant de lui être envoyée, lui laissant peu de temps pour boucler ses pages. C’est dommage.
Enfin, j’avoue que l’épisode ne m’a pas emballé au point de noter les quelques incohérences dans la ligne temporelle avec des détails qui semblent resituer les derniers épisodes de X-MEN dans le récit de FALL OF THE HOUSE OF X. Et puis, la partie sur Manifold est un peu brouillonne et brute de décoffrage, Gerry Duggan aurait mieux dû utiliser sa seule page data pour recontextualiser les choses que pour faire une blague (très drôle, cependant) avec M.O.D.O.K. Et, comme je le disais, Werneck n’est pas en forme, sa prestation rend certains moments un peu brouillons.
J’ai l’impression que Duggan joue contre la montre, il semble ralentir l’action globale pour que l’événement dure le temps imparti, tout en faisant la promo des tie ins. Forcément, lorsque les impératifs éditoriaux se lisent à travers les pages, c’est qu’il y a un problème. Mais, rassurez-vous, j’ai toujours confiance, cela reste vraiment cool à lire.
En vrac
AMAZING SPIDER-MAN #43. GANG WAR s’approche de sa fin dans un épisode plein de personnages et de bastons. C’est fun, mais il y a aussi de l’émotion. C’est un très bon épisode !
MASTERPIECE #3. Le récit de Brian Michael Bendis et Alex Maleev devrait mieux s’apprécier en album, mais il faudra entamer la lecture bien éveillé, parce que c’est très bavard.
TEENAGE MUTANT NINJA TURTLES #148. Le grand final des Tortues Ninja par Sophie Campbell commence à se dévoiler. Le prochain numéro devrait marquer la fin du tour d’horizon de l’univers des Tortues avant de rassembler les forces pour le moment.
THE DEVIANT #4. Le récit de James Tynion IV et Joshua Hixson est toujours aussi passionnant. L’artiste arrive à rendre captivant les échanges en prison alors qu’il ne s’y passe rien, et l’histoire avance grandement avec des révélations assez folles.
TRANSFORMERS #5. Après une introduction absolument remarquable, l’intérêt redescend légèrement avec quelques échanges un peu brouillon entre les Decepticons et un léger moment de flottement, mais le final nous promet une fin d’arc assez chouette.
VENGEANCE OF THE MOON KNIGHT #2. Après la révélation du précédent numéro, Jed MacKay nous montre que tout est légèrement plus compliqué qu’on se l’imaginait. L’épisode est très efficace.
WOLVERINE #43. C’est trop gratuit à mon goût pour être vraiment intéressant. J’ai l’impression que le dernier volet de la trilogie sur Sabretooth ne sera pas à la hauteur de mes espérances.
Oh, les jolies covers !
Polaris, une pose ultra cool, Knowhere, et Pepe Larraz ! Tous ces ingrédients sont réunis sur la sublime couverture de THE FALL OF THE HOUSE OF X #2.
Autre ingrédient pour une couverture réussie : Davd Aja ! Il dessine la couverture de DEADLY HANDS OF KUNG-FU: GAND WAR #3, la composition est très réussie !
Un autre artiste qui réussit souvent ses couvertures : Declan Shalvey. Celle de DISPLACED #1, nouvelle série de BOOM! Studios, ne me fait pas mentir.
Le coup de cœur de la semaine
Même si IF YOU FIND THIS, I’M ALREADY DEAD #1 et SCARLET WITCH AND QUICKSILVER #1 étaient de très bons épisodes, je ne les considère pas comme de véritables coups de cœur. Pas loin, en effet !
Hommage à Ramona Fradon
C’est avec une grand tristesse que nous avons appris cette semaine le décès de Ramona Fradon à l’âge de 97 ans.
Rare dessinatrice mainstream des années 50 et 60, elle marquera la série Aquaman pendant une ère où le super-héros n’était plus à la mode. Elle va aussi co-créer le personnage de Metamorpho au physique atypique qui fera le bonheur de nombreux auteurs et autrices par la suite.
Sa carrière - assez discrète malheureusement - est remarquable et inspirante, en plus d’avoir un trait très fin et agréable à l’œil.
Une pensée va à ses proches et à sa famille.
Je vous souhaite une incroyable semaine remplie de bons comics à lire. À bientôt !
Oui, je flatte mon égo de mec génial ! Et toi, tu vas faire quoi, hein ?! Me laissez un commentaire pour me dire que mon humour est fin et raffiné ?! Ok, fais ça ! (Merci <3 )
Je suis le premier à dire que l’univers de Youngblood est un gros gâchis, il y avait un potentiel de dingue. Encore une fois, Seeley et Fleecs le démontrent dans le génial LOCAL MAN.
C’est précis ! Source : mon doigt mouillé !