THE AMAZING WEEK #68 : les pleins pouvoirs façon Amanda Waller
Mon avis détaillé sur ABSOLUTE POWER, la saga épique de DC Comics.
Les plans et les projets d'Amanda Waller atteignent un point critique qui menace tout le monde doté de super pouvoirs dans l'univers DC. ABSOLUTE POWER est un événement à l’ampleur colossal qui va affecter Superman, Batman, Wonder Woman et bien d’autres. Sa lecture est essentielle pour les fans du DC actuel parce qu’il marque la fin de l’époque Dawn of DC.
Qui dit événement colossal en 2024 dit une pléthore de tie-ins ! DC Comics fait comme il sait le faire avec une mini-série principale autonome, et des titres publiés entre chaque numéros qui vont échafauder la conclusion de la saga. Au lectorat de faire le choix parmi ces publications au risque de raté des éléments.
Par expérience, je me permets de ne suivre que la mini-série, parce que la lecture du reste n’est pas essentielle, au pire frustrante mais pas insupportable pour autant. Bref, je ne me taperai pas la lecture de tout ABSOLUTE POWER. Je vais pourtant en lire certains parce qu’ils sont des épisodes de séries régulières que je suis (GREEN ARROW, GREEN LANTERN), ou des épisodes de séries que je veux tester à nouveau (SUPERMAN, WONDER WOMAN). L’idée de l’article qui suit est de vous plonger dans ma découverte de la saga à travers la mini-série principale et ces récits périphériques.
Mais, je dois être franc, la saga m’intéresse plus pour son équipe créative que pour l’événement éditorial. En effet, Mark Waid et Dan Mora se sont bien trouvés, ils ont réalisé pour DC des comics ultra funs et engageants. Je ne pouvais pas passer à côté d’ABSOLUTE POWER pour cette raison.
Bon, aussi pour savoir comment l’arc narratif autour d’Amanda Waller va se terminer, et pour voir ce que DC nous réserve après l’excellent Dawn of DC.
Direction Absolute Power
Comme le veut la tradition, DC dessine une route vers le début de sa prochaine grande saga, soit un ensemble de titres qui permettront au lectorat le plus curieux de mieux comprendre les enjeux de la saga à venir. Cette route - ou plutôt compte à rebours - n’est pas très longue puisque seulement deux titres la composent.
Bien qu’elle ne figure pas dans la liste de lecture, la saga TITANS: BEAST WORLD [véritable Crisis dans cette aube de DC] est une lecture essentielle afin de comprendre et d’apprécier la construction du plan d’Amanda Waller. Tom Taylor y raconte une histoire essentielle pour sa série mais aussi pour l’univers DC.
L’autre prélude important est paru pendant le Free Comic Book Day, Mark Waid avec l’artiste Mikel Janin ont présenté les préparations du plan d’Amanda Waller avant de constituer sa Trinité et d’utiliser son arme à grande échelle. Dreamer, la precog qui joue un rôle central dans la saga, fait également son apparition en faisant face à Waller à sa manière. Waid en profite pour montrer comment l’avenir de DC pourrait sombrer si le plan de Waller réussi. C’est un très bon teaser !
GREEN ARROW a terminé son premier chapitre avec un épisode 12 relativement fun. Joshua Williamson a ainsi bouclé l’intrigue qui était à l’origine de la série. Mais, elle continue en rebondissant sur l’actualité. Architecte de DC Comics depuis quelques années déjà, le scénariste accompagne le lancement du prochain “big event” de l’éditeur notamment avec le numéro 13 de la série sur Oliver Queen. Notre héros rejoint ainsi Amanda Waller dans sa lutte extrême contre les super-héros. Williamson écrit cela avec subtilité et sans jamais essayer de duper son lectorat. Cette écriture intelligente permet ainsi d’avoir de l’empathie avec le héros qui a retourné sa veste tout en ayant le cœur déchiré de voir qu’il s’est senti obligé de le faire.
La lecture de GREEN ARROW reste accessoire - mais vu que la série est excellente, je vous invite à vous laisser tenter -, alors que celle de ABSOLUTE POWER: GROUND ZERO est essentielle. Mark Waid -aidé de Nicole Maines et Chip Zdarsky au scénario - montre les dernières étapes du plan qu’a échafaudé Amanda Waller. Des personnages secondaires de l’univers DC en sont les premières victimes. Il est surtout de montrer les nouveaux partenaires de Waller.
En ça la dernière partie est, je trouve, la plus intéressante. Joshua Williamson introduit un concept assez puissant qui unit Waller à Brainiac tout en développant leur haine commune envers Superman. Williamson est vraiment l’un des auteurs que je préfère en ce moment, et je regrette presque de ne pas avoir donné une chance à son run sur la série BATMAN.
Le one-shot a de ça important qu’il permet de recontextualiser toute l’histoire d’Amanda Waller ainsi que de ses partenaires. DC a vraiment construit la porte d’entrée idéale pour découvrir ABSOLUTE POWER.
Premier Acte
Le premier épisode de ABSOLUTE POWER est une énorme claque visuelle. Dan Mora est encore plus talentueux que d’habitude. Comment l’artiste arrive-t-il à être aussi efficace en gérant à la fois la série régulière BATMAN/SUPERMAN: WORLD’S FINEST, les couvertures alternatives, et cette mini-série ? La colorisation d’Alejandro Sanchez donne également un souffle nouveau à l’artiste. Ne serait-ce la scène d’introduction, elle donne le ton ainsi que l’envie de découvrir rapidement ce qui se passe.
Sur ce genre d’événement, la qualité de l’artiste joue grandement. Par exemple, voir Pepe Larraz dessiner l’intégralité de BLOOD HUNT chez Marvel donne envie de s’investir dans la saga, là où TITANS: BEAST WORLD semblait moins ambitieux en confiant la moitié de la saga à un autre artiste qu’Ivan Reis. Pour cette saga qui est essentielle pour la construction de son univers, DC mise alors sur la bête humaine qu’est Mora afin d’assurer le show. Tant mieux !
L’histoire de Mark Waid est assez classique dans sa construction, mais elle a le mérite d’être efficace. Amanda Waller attaque frontalement les métahumains en les privant de leurs pouvoirs. La mini-série ne durant que quatre épisodes, Waid n’a pas de temps à perdre. Il sait parfaitement doser le tout pour avoir quelque chose de grandiose, tout en arrivant à apporter des touches d’émotions. Si la suite est au même niveau, DC tient là une saga qui restera dans les annales.
Tom King fait rentrer WONDER WOMAN dans la danse. N’ayant pas suivi le titre, je n’ai pas compris les enjeux. En fait, King fait ses devoirs pour faire de ce numéro 11 un bon tie-in , mais il ne semble pas être très motivé à en faire plus.
Pour Jeremy Adams, l’arrivée de GREEN LANTERN dans le contexte de la saga qui ébranle DC a déjà été entamée avec l’épisode 12. Les enjeux sont clairs tout en étant intimement liés au plan d’Amanda Waller. Certes, GREEN LANTERN #13 ne focalise pas complètement sur l’event (seulement la partie sur Hal Jordan, soit un tiers de l’épisode), mais j’ai l’impression que suivre le tie-in permettra d’encore mieux apprécier la suite de l’événement.
La série SUPERMAN est forcément touchée par ABSOLUTE POWER, après tout la saga s’ouvre en voyant l’Homme d’Acier être mortellement blessé par une simple balle. Joshua Williamson, grand architecte de DAWN OF DC, nous montre comme la résistance trouve une lueur d’espoir avec Zatanna. Mais, son plan semble risqué pour le mortel qu’est devenu Superman. D’autres éléments importants semblent se mettre en place dans ce numéro 16. Je pense que ce tie-in est l’un de ceux que je recommande le plus pour le moment.
GREEN ARROW #14 est une petite déception. Avec le rôle important que tient Oliver Queen dans la saga principale et le fait que Joshua Williamson soit le scénariste de la série, je m’attendais à un récit plus ancré dans l’événement. En réalité, l’auteur profite qu’Oliver soit absent pour développer la Arrow Family. L’épisode est fun et il plaira à celles et ceux qui suivent la série régulière, mais sa lecture n’est pas essentielle à la compréhension de la saga ABSOLUTE POWER.
Deuxième Acte
Avec le deuxième numéro de la mini-série ABSOLUTE POWER, je pense que nous pouvons qualifier cette saga de Crisis. Ce terme a un sens très particulier chez DC, au-delà de la simple crise qui fait frissonner son univers, elle ébranle ses fondations. Clairement, après ce numéro, il est difficile d’imaginer que Superman restera le même, ou que l’idée de Green Arrow n’aura pas des répercussions importantes pour la suite.
Dan Mora assure le spectacle arrivant à rendre les effets de surprise du script de Mark Waid percutants. Parfois, la narration est brouillonne, mais elle reflète le chaos ambiant de la situation. Par contre, après lecture de ce numéro, je me dis que la lecture des tie-ins qui me semblaient si intéressants sur le premier acte vont me sembler bien vains par la suite. Par exemple, à ce stade, je ne vois pas comment le plan de Superman et de Zatanna trouve une place ici.
Justement, dans SUPERMAN #17, Joshua Williamson nous donne l’explication. Je trouve cela un peu facile, mais cela fonctionne. Bon, j’avoue que l’histoire de Superman et Zatanna qui arrivent dans un bar rempli de sorciers et de sorcières [il existe le même chez Marvel, oui] pour être confronté.e.s à Neron me motive moins qu’espéré.
À la différence du précédent numéro, GREEN LANTERN #14 est centré sur Hal Jordan et Carol Feris qui, chacun de son côté, rejoint une forme de résistance. Pour le coup, l’histoire de Jeremy Adams arrive à donner envie de lire un autre tie-in afin de comprendre comment Carol est arrivée là où elle est. En réalité, passé la révélation, les événements restent compréhensibles, heureusement parce que je trouve cette partie plus surprenante que l’évasion de Hal Jordan. En revanche, cette histoire n’est clairement pas affectée par la grande bataille qui s’est déroulée dans les pages de ABSOLUTE POWER #2. Je trouve que l’approche de Jeremy Adams est justement habile parce qu’elle fonctionne peu importe ce qui se passe dans les pages de la mini-série principale.
GREEN ARROW #15 est toujours aussi fun et passionnant à lire. Par contre, à la différence du précédent numéro, l’histoire est plus étroitement liée à celle de la mini-série principale.
Troisième Acte
ABSOLUTE POWER #3 est un très bon épisode, mais il paraît très calme comparé aux deux précédents. Mark Waid place tranquillement tous des pions avant l’affrontement final, il évite justement l’empressement afin de rendre son histoire plus crédible. Je trouve que ça fonctionne à fond. Et la révélation sur le plan de Waller change la donne !
J’avais bien cru que le logo ABSOLUTE POWER sur la couverture de GREEN LANTERN #15 était là pour faire beau. L’histoire de Jeremy Adams semble assez légère vu le contexte, mais la fin de l’épisode relie le tout à la maxi-série emmenant Hal et Carol vers l’action qui nous attend dans le chapitre final.
Je suis réellement déçu de la direction que Joshua Williamson a prise pour sa série SUPERMAN. Alors que le personnage est central dans l’intrigue de ABSOLUTE POWER, le scénariste l’écarte volontairement en l’envoyant faire un tour dans l’univers magique de DC. SUPERMAN #18 est un épisode sympathique, mais sa lecture est clairement accessoire.
Finalement, la seule série régulière qui vient s’inscrire dans la saga ABSOLUTE POWER qui mérite la lecture selon moi est GREEN ARROW. Oliver Queen joue un rôle important dans la saga, et Joshua Williamson profite de l’événement pour construire son personnage et l’univers de sa série. En plus, GREEN ARROW #16 est un très bon épisode avec de bons rebondissements.
Dernier Acte
Sans avoir lu tous les épisodes tie-in, le final de ABSOLUTE POWER est parfaitement compréhensible. En même temps, l’épisode est centré sur l’action avec des retournements de situation bien trouvés, une tension qui est réelle, et des actes héroïques comme nous les aimons tant.
Mark Waid a parfaitement réussi son coup offrant un grand final à Dawn of DC, soit une superbe ère pour DC. En plus, l’auteur se permet de nous concocter tout simplement l’un des meilleurs comics de l’année. Bien évidemment, Dan Mora - qui arrive à se surpasser à chaque page - contribue grandement à cette réussite.
Et après ?
Sans aucune surprise, la saga de Waid et Mora termine l’histoire autour d’Amanda Waller qui a animé l’ère DAWN OF DC. C’est ainsi que ABSOLUTE POWER signe la fin de cette époque tout en ouvrant la voie vers la prochaine, DC ALL IN. En effet, les dernières pages de l’épisode 4 nous montre comment Superman, Batman, Wonder Woman et les autres se reconstruisent. Nous savions que cela allait se terminer de la sorte, et DC n’a jamais laissé planer le doute pendant la promotion de DC ALL-IN. En revanche, aucune trace d’un certain univers ABSOLUTE qui est le grand événement du début de cette ère.
POur découvrir ce nouvel univers alternatif - très edgy et dark, soit tout ce que je déteste -, il faut lire le one-shot DC ALL IN SPECIAL #1 écrit par Joshua Williamson et Scott Snyder. Cinquante deux jours après ABSOLUTE POWER, la Justice League reformée va rencontrer sa première grande menace, un Darkseid légèrement différent de celui qu’on connaît. Je vois surtout la partie Alpha dessinée par Daniel Sampere comme un retour aux sources après que Williamson et le même Sampera aient mis un terme à la Justice League. Pour le lecteur que je suis qui s’intéresse qu’à l’univers DC principal, je me suis ennuyé à la lecture de ce chapitre du one-shot.
La partie Omega mérite d’être dessinée par l’excellent Wes Craig qu’on voit très rarement sur des séries de supers. Ce chapitre a le mérite de confirmer que l’univers créé lors du combat contre Darkseid ne m’attire pas du tout. Je ne vais pas perdre de temps à lire la trop grande quantité de titres Absolute à venir.
Le one-shot n’a pour intérêt que de justifier l’existence de ce nouvel univers, une justification qui me rappelle toutes les mauvaises habitudes du DC à l’époque de Dan Didio. J’espère que cette fois il y a un véritable plan et que ce combat vite expédié entre la Justice League et Darkseid aura un réel intérêt par la suite. On croise les doigts.
En vrac
En prime, voici les critiques rapides des derniers titres de l’ère Dawn of DC que j’ai lus.
BIRDS OF PREY #10-12. Les Birds of Prey de Kelly Thompson sont parties dans un voyage à travers des dimensions de poche. La scénariste en profite pour développer ses personnages et leur relation. Je ne pensais pas écrire cela un jour, mais Harley Quinn manque terriblement. Certes, les “oiseaux” sont toutes attachantes, mais l’anti-héroïne apportait un charme divin à l’ensemble. Par contre, j’adhère de moins en moins à ce que je lis malgré les qualités [je lis trop de comics par mois, certainement] et la multiplication des artistes rend la lecture fatigante. Je note tout de même une prestation de Javier Pina vraiment sensationnelle, et celle de Sophie Campbell est hyper drôle avec l’hommage vibrant à Sacré Graal ! et à Usagi Yojimbo.
GREEN LANTERN #12. La fin du deuxième arc semble légèrement précoce. L’intrigue s’accélère vers la fin de la première moitié pour ramener l’intrigue sur Terre afin de préparer ABSOLUTE POWER. Heureusement, Jeremy Adams gère cette accélération abrupte merveilleusement bien tout en arrivant à remplir le cahier des charges tout en préparant l’avenir.
GREEN LANTERN #13. Si une petite partie de l’épisode est centrée sur Hal Jordan face à la Suicide Squad (partie évoquée dans l’article sur ABSOLUTE POWER), le reste permet de continuer la saga cosmique lancée dans le précédent arc. Les enjeux deviennent de plus en plus ambitieux ; c’est passionnant !
NIGHTWING #115-118. Tom Taylor signe son dernier arc de Nightwing. Pour l’occasion, il retrouve son ami Bruno Redondo aux dessins nous rappelant pourquoi la série nous a charmé.e.s depuis que les deux l’ont relancé. Cette histoire termine donc le run avec un dernier affrontement contre Heartless qui en veut personnellement à Dick Grayson. L’épisode final est tout ce que j’attendais avec du suspens, de l’action et de l’émotion. En prime, nous avons le droit à une superbe page finale !
POISON IVY #23-24. Un nouveau chapitre va commencer pour Pamela Isley alias Poison Ivy. G. Willow Wilson termine ce qu’elle a commencé avec des épisodes qui remettent au centre la relation que le personnage entretient avec Harley Quinn. La série pourrait se terminer ainsi, je serais satisfait. Du coup, je suis curieux de savoir comment vont évoluer les choses.
POISON IVY #25. Pour ce numéro anniversaire, DC Comics invite une pléiade d’auteurs et d’autrices autour de G. Willow Wilson et Marcio Takara. Il y en a pour tous les goûts, j’ai particulièrement aimé le récit de Dan Watters et Dani.
THE FLASH #9-13. Avec peu ou prou le même costume [oui le masque est différent, je sais], il est compliqué de savoir qui est Barry et qui est Wally surtout que l’histoire écrite par Simon Spurrier est complexe. Il faut retenir que celui qui est aux côté d’Iris, la femme de Wally, est Barry, et se le répéter toutes les deux pages pour arriver à suivre. Les épisodes 10 et 11 sont bordéliques, heureusement les épisodes finaux sont plus compréhensibles malgré le casting très très large. Le final donne à Wally un nouveau costume (moche) donnant une spécificité au personnage que son aîné n’a pas.
TITANS #12-15. Les Titans continuent de combattre The Dark-Winged Queen. Je trouve que ça traine un peu en longueur, même si je reconnais le talent de Tom Taylor d’écrire un drame à la hauteur de l’équipe. Il était tout de même temps que cela se termine, à mes yeux ce run ne sera pas aussi mémorable que je l’aurais espéré. Lucas Meyer et Daniele Di Nicuolo assurent la partie artistique chacun avec son style, le script de Taylor s’adapte merveilleusement bien pour profiter de leur talent respectif.
Je vous souhaite une incroyable semaine remplie de bons comics à lire. À bientôt !